dix-sept heure douze

Lentement je retrouve le mojo qui m’animait jadis, lentement l’énergie du désir qui me dévore, lentement je (m’)(t’)immole par l’envie qui (nous) brûle, et s’éparpille.

J’ai envie d’elle, et de lui, de nous ensemble, de sexe(s) gonflé sous ma langue, sous la pression décisive de mes doigts, la cambrure de l’excitation pour rappeller les nuits fauves, nos corps endormis depuis bien trop longtemps. J’ai envie de liens, de morsures, de mains qui claquent sur la peau lisse, rouge soudain, abandon. J’ai envie qu’il me prenne comme avant, brutal et aimant, les mots qui glissent à mon oreille aussi doux que son sexe bandé entre mes cuisses.

Elle. Nos langues. Son regard affamé. Sa bouche. Son cul qu’elle aime tant cambrer. La chaleur de son ventre. Le parfum de sa nuque. Le chuchotis de nos plaisirs.

Mes fantasmes prennent les visages de ces amants mélangés, et le dessin complexe de leurs corps emmêlés – d’après photo, de celles soigneusement gravées dans ma mémoire. Le souvenir est si pur de nos tendresses, de l’amour triangulaire qui ne s’ignore plus vraiment, de l’attraction de nos mains. Entre nous deux je l’observe appeller mon nom. Entre nous deux je le regarde jouir. Ils sont beaux, mes amours réguliers, beaux comme l’orgasme qui nous absorbera tous l’un après l’autre, comme le sommeil qui tombera sur nos corps nus, comme l’érotisme violent émanant de cette nuit.

Minuit trente deux, ou peut être plus, on éteint.

photo Louis

la chute.


Je cherche une chanson pour commencer à écrire. Je cherche un morceau pour faire la BO de nos baises. La prochaine, qui sait, un truc assez tendre pour qu’on s’aime, assez intense pour que tu m’accroches, assez violent pour couvrir mes cris.
Pis. Tu vas m’attacher – je veux, mais c’est pas moi qui ordonne, pas moi qui exige. Je suis (ta) soumise, je veux m’abandonner entre tes bras, entre tes doigts, le son de ta voix pour guider mes désirs. Dis-moi, comment tu m’aimes, comment tu me trouves belle, salope et chienne, comment tu veux me baiser. Je t’aime, tu vas me forcer à le dire, peut être, le crier dans un accès de plaisir – mais dis-moi, mon amour, où s’en vont les mots lorsqu’on ferme l’écran de nos téléphones, où résistent les jolies choses qu’on se raconte, où es-tu lorsque tu n’es pas près de moi.
Je n’ai toujours pas trouvé ce morceau. Je pense à tes doigts dans mon cul et ta barbe mouillée entre mes lèvres. Je coule, encore, tu crois, ça va se voir que je porte rien sous ma robe ? Je veux que tu m’attaches, mais c’est déjà trop tard je suis tombée dans ma chute entraîné nos espoirs, regarde comme on se retient de se le dire, tu es mon présent mon futur – mon évidence, mon tout.
Une étincelle, dans mes yeux ce n’est pas de la lumière, c’est une larme, mon amour, ta main frappe régulièrement mon cul et soudain, je ne crie plus.

photo Ana Teresa Barboza, 2008

on attendra l’hiver.

Tu sais ta bouche sur mon sein, ta barbe chatouille ma peau, mon téton dressé sous la caresse de ta langue. Tu sais les mots qui me touchent, ceux que tu glisses dans mon oreille et qui vibrent frisson le long de ma colonne vertébrale. Tu sais le désir qui nous rassemble, celui qui mouille ma chatte et coule entre mes cuisses.

Je suis détrempée, tu dis, j’humide par avance à l’approche de ton sexe durci – oh oui que je l’aime, ta queue qui vient frapper au fond de mon ventre, de ma gorge à mon cul, enfilée par tous mes trous – et j’ai ce réflexe de saliver lorsque je vois ton gland s’approcher de ma bouche. J’ai la contraction facile, la chatte qui se remplit à peine tu approches tes doigts de ma nuque – tu sens comme tu m’excites ?

Ta main sur mon cul, paume pleine, coup sec, cadence – rougir. Ta main sur mon cul, et mon cul qui se cambre, viens, mon amour, frappe encore, je ne te mérite pas. Salope, tu dis alors dans mon oreille. Petite salope, regarde comme tu mouilles déjà, t’aimes ça, jouer les cochonnes, regarde dans quel état tu t’es mise – alors je souris.

Je pense à nos peaux qui se touchent et se lèchent et se baisent parfois trop violemment. Je pense à mes doigts dans ton cul et mes seins barbouillés de ton foutre. Je pense aux cris qu’on ne retient plus, à ce jour où tu vas m’entraver, complètement, et cette fois où tu m’as prise à quatre pattes sur le tapis blanc en enfonçant tes doigts aussi loin, et à ta barbe trempée entre mes cuisses. Je pense qu’on s’est jamais dit je t’aime pendant qu’on se baise.

Pourtant.

– photo tumblr