Dans la musique je me fonds. Les corps des autres sans équivoque, danser lascive – électro dans nos peaux, basses pénétrant nos âmes comme pour se laisser baiser – baisés par la chaleur de ces autres qui caresse nos épidermes, baisés par l’illusion d’être tout puissants, baisés par le son qui nous pénètre, doucement, sûrement, profondément. Un beat après l’autre, comme on avale nos vies, imperceptiblement.
Il y a cette fille blonde, ses cheveux relevés et sa nuque à découvert. Son parfum qui m’enivre, monte jusque dans mon crâne et c’est absurde mais dans cet instant je voudrais l’abandon, je voudrais m’oublier, je voudrais caresser sa peau sans cesse, me plonger dans ses yeux bleu pépites, ne plus jamais remonter. Lâcher-prise. Apnée. C’est la proximité qui échauffe nos émotions, la promiscuité, la musique qui s’enfonce tout au fond, l’effet d’un para magique qui exacerbe les sensations et nous ouvre les portes de l’intime. Nos déséquilibres, les pieds glissent sur le plancher de bois – la notion du temps s’étiole en même temps que notre perception du réel – le monde est beau, le monde est doux, le monde s’étend à nos pieds comme un immense tapis arc-en-ciel.
Cette fille. Son parfum, ambre et vanille, sa peau si douce, et la plume attachée à son oreille. Je m’approche et on se regarde et on se frôle, dans l’ombre floue de nos états secondaires, tout pourrait exploser ainsi. Elle et ses seins que je devine libres sous la soie de son haut, elle et ses fesses moulées dans un legging sombre. Dans mes fantasmes s’exposent des images d’arracher doucement ces pétales, lentement déshabiller son corps pour découvrir les tatouages et les cicatrices qui la composent. Dans le sillage que son parfum laisse, je savoure le goût de sa peau et l’odeur de sa chatte, absorber l’émotion qui l’entoure – troublée par ma présence, troublée par cette soudaine intimité, troublée par son trouble apparent.
Je suis déjà sur elle et embrasse son cou, caresse sa cuisse, attrape ses fesses et je lui murmure des mots tendresse, des mots désir et des mots folies. Regarde moi encore, je lui dis, ne me laisse plus jamais partir. Elle ne dit rien, elle me regarde et c’est comme une évidence. L’envie.
Alors on danse, encore et encore, les heures se déroulent en une lente agonie, celle de la nuit qui se termine. Sous ma peau mon coeur bat trop vite, pour elle, pour la redescente, pour nous tous ici – rassemblés au hasard du désir de communier sur la musique. Sur un toit de la ville, on regarde le ciel s’éclaircir pour signifier la fin.
Il est six heures, la vie reprend ses droits. Une bouteille d’eau pour accompagner la chute – je la regarde s’éloigner. C’est le matin qui nous relève de notre veille. Je garde le goût de ta nuque tatouée sur mes lèvres. Au revoir Cendrillon.
I promise, I’ll find you.
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Photo Ortie