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Carnets érotiques de Mademoiselle LaNe

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Carnets érotiques de Mademoiselle LaNe

couple

après l’hiver

by Mlle LaNe 1 Comment

Dans le métro j’observe les gens, couleurs, odeurs, peaux. Ton corps me manque, mon amour. Je voudrais te croiser par hasard, te serrer contre moi sans les mots, comme on se retrouve après un long voyage – après tout c’est de ça dont il s’agit. Je pense à ta bouche et je m’obsède. Ta barbe sur ma peau. Le bruit si doux de tes plaisirs. Je n’oublie pas la passion de nos dimanches après-midi. Je cherche un sens à la distance, et tout ce qui répond c’est l’appel de mon ventre, le désir flamme pour nous dévorer à nouveau.

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On s’est raconté si souvent nos rêves, nos idéaux. À la mesure de notre désir, je nous voulais immenses, vertigineux, et libres. Tu m’expliquais patiemment comment la somme de toi+moi tendait avec certitude vers l’infini. De la part d’un ingénieur, je te croyais dur. On se promettait l’Amour, le sexe, un toit, et des bébés. On se racontait nos baises, nos fantasmes, les autres gens avec qui on aurait fait l’amour – on aurait baisé la Terre entière de toutes ses belles personnes si on avait pu. On était insatiables. Ça nous excitait, et tu avalais mon corps et mon jus comme un affamé. Je me sentais si belle. Unique. Parfaite. Je gémissais de tes coups de langue et criais sous tes coups de queue. J’ai souvent pensé, je l’avoue, que ma jouissance suffirait à te rendre heureux.

En deux ans moins quelque chose on en a bouffé des litres de fluides en échantillons, dans ma bouche et la tienne et ma chatte et ton cul. Le tien aussi, perforé par un phallus de silicone. J’ai pénétré ta gorge, ton ventre, ton coeur, ton cerveau, et puis, un jour, la connexion a disparu. Qui es-tu, où es-tu, que résonne le nous.

Je t’ai lancé sur tellement de pistes pour que tu te trouves qu’après tout ça, je t’ai perdu. Qui es-tu, je t’ai dit, et tu savais pas vraiment me décrire, et puis tu ne savais plus rien, alors on a essayé ensemble encore et encore, toutes les formes, tous les genres, tous les mots, tous les contenants. Trouve-toi, je te supplie, trouve ta forme et ta direction pour que tu puisses à ton tour me contenir.

Je t’aimais si fort, trop fort, je te voulais heureux, paisible, ancré ; je te voulais à l’image que je me faisais de toi, je voulais tellement t’y voir et que tu sois enfin ; peut-être qu’au travers des errances où tu t’es laissé emmener, dans la chaleur de mes bras rassurants et mon optimisme infaillible, peut-être, j’ai fini par t’étouffer.

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Un peu plus tard assise à côté de moi il y a une fille cheveux bleus, veste cuir, et je suis cuir et rose moi aussi. Le métro shake, ligne verte presque vide, je traverse la ville d’un bout à l’autre dans l’espoir d’y croiser le souvenir de ton regard bleu-barbe. J’espère que quelque part ton coeur bat encore, j’espère exister toujours dans ton espace de vie, j’espère que la douleur du nous n’a pas submergé les dernières traces du désir d’être unis.

J’espère que bientôt, demain peut-être, on refera l’Amour à deux.

Posted in: Textes Tagged: amour, couple, manque

éroticide.

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Il aurait fallu que j’invente un mot, pour expliquer le mouvement qui nous jeta l’un vers l’autre et définit par la suite le lent cheminement qui nous mena directement vers la chute. Ce moment où, par fusion amoureuse, en voulant rassurer les peurs et l’égo, on s’est oubliés l’un dans l’autre. En joignant nos coeurs, nos têtes, en partageant chacun de nos instants, privés de la distance à franchir pour se rejoindre d’un bord à l’autre, petit à petit, et surtout, sans s’en rendre compte, on a cessé de se regarder.

 

Tu étais je et j’étais tu. Nous étions un, de ces clichés ambulants de l’Amour romantique, âmes soeurs, moitiés, un plus un égal un, nous sommes faits l’un pour l’autre, que ferais-je sans toi, je panique, mon amour, chéri, bébé, mon précieux, ne me quitte pas, sans toi, je ne suis plus rien, l’ombre de ton ombre, l’ombre de ton chien.

À deux nous n’étions pas plus forts, bien au contraire. Nous regardions pourtant dans la même direction, oubliant peu à peu le besoin d’être unique, partageant tout ou presque dans une intimité extrême. On aurait pu signer un contrat du sang de l’un de nous deux – sûrement le mien, puisque c’est ainsi que l’Homme-fort s’approprie la Femme-fragile dans les romans populaires à nuances de gris – pour autoriser l’autre à jouir et restreindre sa liberté à regarder d’autres culs. On aurait appelé ça l’Amour, et juré par tous les Dieux que c’était le vrai, le seul, l’unique – jusqu’à ce que la Mort nous sépare, ou presque, puisqu’on était destinés l’un à l’autre, on se retrouvera bien au Paradis.

 

Mais soudain, j’explose. Ou j’implose, c’est selon. Car le désir n’est plus, et le plaisir s’effondre tout aussi sûrement. Je réclame à corps et à cris le droit d’être regardée, désirée, objectifiée, car c’est ainsi, on ne baise plus. La charge érotique a pris le bord avec notre individualité. Nous faisons l’amour onanisme, machinal, préliminaires, coït, orgasme, et puis doucement coït, orgasme, enfin, débandade, assèchement, anorgasmie. Même le plus assidu des fappeurs a besoin d’images nouvelles pour inspirer le mouvement du poignet. Alors on dit, c’est la routine, l’âge, les enfants, le stress ; et on part en guerre contre l’ennui, acheter des sextoys, organiser des plans à trois, arrêter de péter au lit, tu pourrais faire un effort et mettre du rouge à lèvres, tu as pris du poids, tu ne t’épiles même plus. C’est le vagin confort comme des Charentaises, de celles qu’on enfile avec le pyjama, par habitude, parce qu’elles sont toujours au pied du lit.

C’est si triste, un vagin qui s’assèche et une bite qui ne bande plus, parce qu’on a oublié de nourrir le désir. Parce qu’on n’a plus le recul nécessaire pour s’observer vivre, plus l’espace d’être unique, plus la distance pour se regarder exister. C’est de l’amour presbyte. À force de se rapprocher par habitude et par peur de se perdre, on se perd l’un dans l’autre, et soudain, sans qu’on l’ait vu venir, l’autre n’y est plus.

 

Ya pas de morale ici. De toutes façons, c’est pas vraiment une histoire vraie. Juste une histoire ordinaire. À force d’avoir peur de se perdre, on en oublie parfois de se laisser de l’espace pour s’aimer.

 

Je titre : Éroticide.

Le suicide érotique, à petit feu. Une licence Disney.

 

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Photo EllaCalm 

Posted in: Textes Tagged: amour, couple, désir, distance, intelligence érotique

nuit blanche.

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Tu as volé mon coeur. Et par mon coeur, je veux dire, mon cul. Mon corps ma chatte ma bouche mes cuisses ma nuque mon ventre ma peau mes

gémissements, respirations, plaisirs, le jour ; et la nuit aussi.

Je t’ai déjà dit que j’aimais la nuit ? Les nuits d’été surtout, celles où, sans modération, on se laisse embarquer dans des plans presque prévisibles, on roule en criant trop fort dans les rues de la ville qu’on est heureux au boutte, on danse jusqu’à la fermeture en se saoulant aux ginto, on s’embrasse et on se colle à plusieurs, des seins et des bouches en quantités déraisonnables et lorsqu’on s’effondre enfin, le jour qui point dehors, la douceur du ventilateur sur nos peaux humides.

Tu as volé mon coeur, et mes nuits aussi. Comme on s’approprie un espace laissé vivre, comme on apprivoise un petit animal pas si farouche, à coup de caresses et de baisers et d’orgasmes étincelants. Alors, j’ai perdu le goût et l’intérêt des autres, ou si peu, je les regarde du bout des yeux comme un avant goût du sexe dans tes bras, comme un préliminaire à nos baises, comme de la porn live et une pincée de fantasmes qu’on entretiendrait pour se souvenir à quel point on se désire, nous deux.

Au milieu des corps impatients et des amantes adultères, la corde sur ma peau pour que l’amour se concrétise, lentement glissée sur mes épaules, mon ventre, mes seins, serre moi. Ta main qui claque mon cul et réchauffe l’invisible dans mon ventre. Ma vulve gorgée de sang, réagissant aux assauts répétés de ta langue et aux caresses de ta barbe douce.

On s’aime, tu dis, on s’adore, et je te trouve si beau sous la lumière pâlie d’un bar de quartier. C’est étrange, ce sentiment d’infini qui nous a enveloppé, c’est si fort, lorsque je sens ta queue bandée contre mon cul au réveil d’une nuit trop courte. Tu te glisses dans mon ventre, doucement je t’avale, et je voudrais que tu me baises vite et intense, dans la lumière du petit matin. Je me souviens de nos corps emmêlés et ta bouche sur la sienne et mon regard qui ne se détachait plus de vos baisers.

Tu jouis. Je te feele dans tout mon corps. Je t’aime encore plus fort, si c’est possible. On se répète encore, à quel point elle est belle, la vie de bizarres.

Posted in: Textes Tagged: amour, barbe, couple

comique book.

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zviane

Je t’attends dans le lit, il est tard, j’ai fini ma bédé. C’est Zviane, tu l’as lu hier, t’as cru que c’était parce que j’allais pas bien. Mais non. C’est elle qui me l’a prêté ; le personnage c’est pas moi ; et puis d’abord, j’ai pas les cheveux frisés.

Elle, si.

Je t’attends dans nos draps, il est tard, t’es assis sur ton trône de céramique, je sais que tu joues à un jeu vidéo. Le jeu de cartes, ta session salle de bains dépend toujours de la durée de la partie. Ou bien c’est Imgur, ou bien un autre.

Avant, Tinder, Okcupid. Je t’en voulais un peu de délaisser les draps conjugaux pour t’amuser de la face d’autres filles. Mais tsé, on était pas encore vraiment un couple. Alors je passais.

Je t’attends dans le lit. Quinze minutes, peut être vingt. J’ai pris un comprimé de mélatonine et je t’imagine le cul nu sur ton siège. Je me demande pourquoi je t’aime, dans ces moments là.

J’entends le robinet qui coule. Tu vas revenir. Poser ta main dans ma nuque et embrasser ma bouche, et peut être alors que tu me feras jouir.

Alors, je me souviendrais.

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Image – extrait de Zviane, Les Deuxièmes

Posted in: Textes Tagged: couple, désir, usure

Parfois je parle de cul, mais surtout je parle d’amour…

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Bienvenue dans Extime, les carnets érotiques de Mademoiselle LaNe.

Ces textes ont été publiés à différentes époques, sur différents blogues, sous différents pseudonymes. J’ai décidé de les regrouper et les présenter ici.

Semi autobiographiques ou complètement inventés, je vous souhaite d’y trouver désir, inspirations, chaleurs et humidités.

 

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