frenchkiss.
J’ai cette image gravée dans ma mémoire, comme une vidéo youtube que je joue à volonté, image mentale rigoureusement sélectionnée pour me remémorer cette nuit là. Je clique sur play, ça tourne, moteur, action, en boucle comme un gif, animés, vous l’étiez, et moi, et moi, je glisse beaucoup trop vite et ça m’embarque un peu trop loin, alors non, je ne veux plus jamais oublier vos bouches qui se collent et vos langues qui se caressent, et la lumière sur vos visages.
C’est pas juste un frenchkiss sur une musique techno, un baiser échangé dans le basement d’un parte d’appartement. C’est pas juste l’alcool je sais bien qu’on était tous un peu trop gelés, aussi, à cause de la md qui faisait jouer du bonheur dans nos corps, et on avait trop chaud, peut être, moi un peu moins, c’était l’automne, il pleuvait, on était venus en vélo. C’est pas juste la façon dont vous vous êtes regardés avant, pas vraiment comme on se jette à l’eau non, y avait presque quelque chose de calculé et ça suffisait pas comme excuse l’amitié et les hugs qu’on se fait au milieu des nuits blanches. J’ai pas pu détacher mes yeux; hypnotique, le geste pour poser ta main sur son épaule et attraper sa nuque, tes lèvres et sa bouche entrouverte pour accueillir ta langue, c’était pas fake et puis je t’ai vu embrasser d’autres monde, je sais, comment tu fais ça bien moi j’ai l’habitude de prendre des bouts de toi dans mon corps.
C’était hot, putain, j’ai le ventre qui s’est embrasé d’un coup c’est devenu tellement chaud, et humide. Je vous ai regardé puis j’étais là entre vous deux et je me sentais comme une étrangère, y avait trop de tension quelque part j’ai voulu partir pour vous laisser là, puis vous regarder avec suffisamment de distance pour pas que ça explose, parce que j’étais plus capable de respirer droit tout d’un coup alors j’ai dit je m’éloigne, j’ai besoin d’air mais dans le fond c’était trop tard, j’avais déjà pressé la touche record pour plus jamais oublier.
J’ai rejoué la scène de vos baisers tellement de fois depuis, je pensais pas que ça me ferait jouir aussi fort avec ta bouche entre mes cuisses, juste à visualiser ce gros plan de vos bouches emmêlées. C’est comme un bonbon que je suce quand je me touche, je me raconte la suite de vos baisers sur ma peau et frémir, partout; je pense à ta main sur sa nuque et je voudrais que tu descendes et que tu caresses son corps comme tu sais faire avec le mien, pourquoi pas ma bouche pour vous avaler tous les deux, si y avait la place entre vous.
C’est pas juste un frenchkiss sur de la musique techno dans le basement d’un parte d’appartement. C’est vos bouches et vos langues et vos lèvres et sa barbe brune accrochée dans ta barbe blonde, et l’amitié virile puis mon ventre en pleine implosion.
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photo Hee Jin Kang, série Kissable pour Vogue Homme International