la meute.
Des cris. Des cris, et des corps. Amoncellement mouvant, mélange de textures, tapis de peaux, bouches, chevelures, bras et jambes, fesses, sexes humides. Cris, gémissements, respires, souffles courts, râles, et même,
des rires.
.
La scène se passe quelque part au bord du monde. Dans une grande maison, autour les arbres, la forêt qui bruisse, les montagnes. On a vu le soleil se coucher rouge sur l’horizon, d’un rouge sang comme le coeur d’un volcan, coincé entre deux montagnes et une frontière sans mur. On s’est assis en cercle, et on a parlé. Beaucoup, longtemps, et puis on s’est levés, en silence, on a marché jusque dehors. Il faisait froid mais pas tant, et tu t’es déshabillé. Pieds nus sur la glace pour mieux sentir la vérité du sol.
.
Intérieur, nuit. Après une danse au son des tambours, la folie nous a peut être pris. Les louves enlacées se mordent, griffent, s’avalent. Je les observe, superbes, exprimer leurs jouissances, et c’est magnifique.
Au milieu, sur notre île, mon instinct de chasseuse est doucement ranimé par le froissement de ta barbe sur ma peau. Sous tes caresses, je m’éveille tigresse, chatte, joueuse et sauvage. J’attaque ton corps de baisers, langues et morsures, tu me soulèves, on se chamaille, et des rires observateurs acclament notre lutte.
Agenouillée devant toi, ta paume claque sèche sur mon cul. Mes coups de dents ont laissé des traces, tu te venges, soulevant des regards curieux. Et puis, ta bouche entre mes cuisses, tes doigts enfoncés profonds dans mon ventre, vas et viens. Je respire fort, inspire, bloque trois secondes, expire, pour diffuser le plaisir. J’entends d’autres râles, des gorges déployées de plaisir, j’ouvre les yeux, je les vois elles et elle, et lui, leurs peaux presque dorées dans la lumière nocturne. Tant de désir. Tant de libertés. Je ne retiens plus. La vague de l’orgasme me cambre alors que j’enfonce ta face dans mon sexe trempé.
Et tu cries, à ton tour, lorsque je m’assois sur ta queue, tu cries lorsque tu la regardes, elle est belle, je trouve aussi, j’ai joins mes cris aux siens un peu plus tôt. Nous sommes beaux, si belles, et les louves ne finissent plus de s’embras(s)ent.
J’ai pris le temps de respirer un peu, des fourmis dans les membres. Je vibre, elle dirait, je vibre de toutes les énergies qui explosent sous le haut plafond, je vibre de cette lumière que seuls certains connaissent, je luis de l’Amour qui nous lie toutes et tous. Nous sommes vivants, vivants et lucides.
Car jamais nous n’avons été autant (r)éveillés.
.
Sous le ciel noir, un hurlement, repris bientôt par tant d’autres, pour crier à la face du monde qu’on était libres, libres et merveilleuses, dans l’ici et maintenant.
Je vous ai aimées si fort à cet instant. Je vous ai entendues, si puissantes, j’ai respiré la fraîcheur du vent sur mon visage et le reflet des nuages sur ma peau ; j’ai touché les arbres, leur écorce rugueuse et sèche de l’hiver ; j’ai senti la neige s’enfoncer sous mon poids au milieu de ce champ. Je me suis vue parmi vous, nous, les folles et les fous, de ceux qui croient en leurs rêves et qui connectent avec la Terre et les étoiles à la fois.
Cette nuit, j’ai rejoins la meute. Ensemble, nous nous sommes crus capables de tout renverser. À coups de corps, à coups de cris, à coups de baisers.
Cette nuit, j’ai rencontré la Beauté.