vendredi.
J’suis en manque. Regarde. J’ai comme les mains qui tremblent. Ça ressemblerait à un junkie en sevrage. Ça me ressemble pas, c’est sûr. Je suis la maîtrise. Le contrôle. La modération.
C’est toi. Ou c’est le temps. Ou c’est ma dernière baise qu’était pas vraiment bonne. Genre pas défoulante.
Tu vois ce que c’est toi, la baise qui défoule ?
Celle où on crie trop fort, à s’en faire péter les cordes vocales, tellement que c’est bon. En levrette si possible.
Voilà. Tu commences à comprendre.
Moi j’perds le fil. À force de lectures NSFW. À force de textos échangés. Et puis tes mains. Tu les as vues tes mains ? Tes putains de longs doigts que j’enfoncerai bien dans ma chatte.
…
C’est dit. J’ai cédé quelque part, à coups de journées trop longues et de discussions jusqu’à la fermeture des bars. T’as planté tes yeux gris dans mon regard – ou c’est moi qui ait cherché le tien.
En fait, j’sais plus. J’ai que tes doigts dans ma tête, tes mains que j’imagine écarter mes lèvres et pénétrer mon vagin. Je fermerai les yeux pour mieux te ressentir, mais je serai déjà humide. Trempée par ces heures passées à discuter autour d’une bière. Affamée par les semaines qui s’écoulent, ou tu me laisses des signes sans jamais faire un geste.
Tu joues. Je joue. Je laisse des status Facebook pour que tu commentes et j’t’envoie des messages avec plein de sous-entendus dedans. Tu réponds. Tu relances. Ça marche toujours. Mais tu bouges pas.
Pendant ce temps là j’ai la chatte qui crie famine. Assoiffée de tes doigts. Grande ouverte, et grande humide, mes lèvres glissent déjà, prêtes à t’accueillir. Je me branle. Je fais que ça. Mes doigts en dedans et en dehors, que je frotte pour tenter d’assouvir l’envie. Mais ça suffit pas. Ma tête refuse de laisser passer la démangeaison. Je vois plus que tes doigts partout qui ouvrent mon ventre et j’imagine ta bouche se coller là aussi, boire mon jus qui coulerait que pour toi, avaler mon goût jusqu’à te noyer dedans. Je vois ton visage entre mes cuisses, imprégné de ma mouille, tes doigts aussi plein de cette humidité salvatrice. J’espère que tu t’y sentiras chez toi – mon corps te réclame depuis cet après-midi où, assise contre toi dans le noir d’une salle de cinéma, j’ai pu me shooter avec ton parfum.
On se voit vendredi soir. J’ai peut être une idée précise de ce qui va se passer. On va manger, et boire. Du vin rouge. J’aurais les lèvres écarlates. Et une culotte en dentelle rouge, aussi, le genre qu’on peut voir à travers, qui laisse deviner que je suis bien douce. La plupart des gars ils s’en foutent, de la lingerie qu’on porte, la première fois. Ils te descendent ça tout d’un coup avec le jean slim ou les collants, genre, c’est pas un détail important. Moi ça fait une semaine que je choisis mes vêtements en imaginant que tu vas me texter pour un verre imprévu – et la suite. Que je sais quelle culotte je vais porter, vendredi. Alors j’aimerais que tu sois un de ceux là, ceux qui prennent le temps, de regarder, de toucher, d’humer. De me rendre belle et désirable juste par la pression de tes yeux.
On s’attrapera sur le canapé, peut être en regardant un film – si je t’ai pas accroché avant ça. On sera enlacés sur le canapé, et puis on regardera plus le film. Yaura tes mains partout sur moi, et mes gémissements.
Et puis.
–
Vendredi, c’est ce soir. Putain, je sais même pas comment je vais tenir.
Si ça se trouve, la bouffe va être dégueulasse, le vin sera bouchonné, et on aura rien à se dire.
Si ça se trouve, tu baiseras mal, trop pressé, maladroit, pas assez tendre.
Si ça se trouve, on baisera même pas.
Faudra quand même que j’te dise. Merci d’avoir alimenté mes fantasmes. C’était vraiment bon…