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Carnets érotiques de Mademoiselle LaNe

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Carnets érotiques de Mademoiselle LaNe

désir

éroticide.

by Mlle LaNe Leave a Comment

Il aurait fallu que j’invente un mot, pour expliquer le mouvement qui nous jeta l’un vers l’autre et définit par la suite le lent cheminement qui nous mena directement vers la chute. Ce moment où, par fusion amoureuse, en voulant rassurer les peurs et l’égo, on s’est oubliés l’un dans l’autre. En joignant nos coeurs, nos têtes, en partageant chacun de nos instants, privés de la distance à franchir pour se rejoindre d’un bord à l’autre, petit à petit, et surtout, sans s’en rendre compte, on a cessé de se regarder.

 

Tu étais je et j’étais tu. Nous étions un, de ces clichés ambulants de l’Amour romantique, âmes soeurs, moitiés, un plus un égal un, nous sommes faits l’un pour l’autre, que ferais-je sans toi, je panique, mon amour, chéri, bébé, mon précieux, ne me quitte pas, sans toi, je ne suis plus rien, l’ombre de ton ombre, l’ombre de ton chien.

À deux nous n’étions pas plus forts, bien au contraire. Nous regardions pourtant dans la même direction, oubliant peu à peu le besoin d’être unique, partageant tout ou presque dans une intimité extrême. On aurait pu signer un contrat du sang de l’un de nous deux – sûrement le mien, puisque c’est ainsi que l’Homme-fort s’approprie la Femme-fragile dans les romans populaires à nuances de gris – pour autoriser l’autre à jouir et restreindre sa liberté à regarder d’autres culs. On aurait appelé ça l’Amour, et juré par tous les Dieux que c’était le vrai, le seul, l’unique – jusqu’à ce que la Mort nous sépare, ou presque, puisqu’on était destinés l’un à l’autre, on se retrouvera bien au Paradis.

 

Mais soudain, j’explose. Ou j’implose, c’est selon. Car le désir n’est plus, et le plaisir s’effondre tout aussi sûrement. Je réclame à corps et à cris le droit d’être regardée, désirée, objectifiée, car c’est ainsi, on ne baise plus. La charge érotique a pris le bord avec notre individualité. Nous faisons l’amour onanisme, machinal, préliminaires, coït, orgasme, et puis doucement coït, orgasme, enfin, débandade, assèchement, anorgasmie. Même le plus assidu des fappeurs a besoin d’images nouvelles pour inspirer le mouvement du poignet. Alors on dit, c’est la routine, l’âge, les enfants, le stress ; et on part en guerre contre l’ennui, acheter des sextoys, organiser des plans à trois, arrêter de péter au lit, tu pourrais faire un effort et mettre du rouge à lèvres, tu as pris du poids, tu ne t’épiles même plus. C’est le vagin confort comme des Charentaises, de celles qu’on enfile avec le pyjama, par habitude, parce qu’elles sont toujours au pied du lit.

C’est si triste, un vagin qui s’assèche et une bite qui ne bande plus, parce qu’on a oublié de nourrir le désir. Parce qu’on n’a plus le recul nécessaire pour s’observer vivre, plus l’espace d’être unique, plus la distance pour se regarder exister. C’est de l’amour presbyte. À force de se rapprocher par habitude et par peur de se perdre, on se perd l’un dans l’autre, et soudain, sans qu’on l’ait vu venir, l’autre n’y est plus.

 

Ya pas de morale ici. De toutes façons, c’est pas vraiment une histoire vraie. Juste une histoire ordinaire. À force d’avoir peur de se perdre, on en oublie parfois de se laisser de l’espace pour s’aimer.

 

Je titre : Éroticide.

Le suicide érotique, à petit feu. Une licence Disney.

 

–

Photo EllaCalm 

Posted in: Textes Tagged: amour, couple, désir, distance, intelligence érotique

comique book.

by Mlle LaNe Leave a Comment

zviane

Je t’attends dans le lit, il est tard, j’ai fini ma bédé. C’est Zviane, tu l’as lu hier, t’as cru que c’était parce que j’allais pas bien. Mais non. C’est elle qui me l’a prêté ; le personnage c’est pas moi ; et puis d’abord, j’ai pas les cheveux frisés.

Elle, si.

Je t’attends dans nos draps, il est tard, t’es assis sur ton trône de céramique, je sais que tu joues à un jeu vidéo. Le jeu de cartes, ta session salle de bains dépend toujours de la durée de la partie. Ou bien c’est Imgur, ou bien un autre.

Avant, Tinder, Okcupid. Je t’en voulais un peu de délaisser les draps conjugaux pour t’amuser de la face d’autres filles. Mais tsé, on était pas encore vraiment un couple. Alors je passais.

Je t’attends dans le lit. Quinze minutes, peut être vingt. J’ai pris un comprimé de mélatonine et je t’imagine le cul nu sur ton siège. Je me demande pourquoi je t’aime, dans ces moments là.

J’entends le robinet qui coule. Tu vas revenir. Poser ta main dans ma nuque et embrasser ma bouche, et peut être alors que tu me feras jouir.

Alors, je me souviendrais.

–

Image – extrait de Zviane, Les Deuxièmes

Posted in: Textes Tagged: couple, désir, usure

vendredi.

by Mlle LaNe Leave a Comment

J’suis en manque. Regarde. J’ai comme les mains qui tremblent. Ça ressemblerait à un junkie en sevrage. Ça me ressemble pas, c’est sûr. Je suis la maîtrise. Le contrôle. La modération.

C’est toi. Ou c’est le temps. Ou c’est ma dernière baise qu’était pas vraiment bonne. Genre pas défoulante.
Tu vois ce que c’est toi, la baise qui défoule ?
Celle où on crie trop fort, à s’en faire péter les cordes vocales, tellement que c’est bon. En levrette si possible.
Voilà. Tu commences à comprendre.

Moi j’perds le fil. À force de lectures NSFW. À force de textos échangés. Et puis tes mains. Tu les as vues tes mains ? Tes putains de longs doigts que j’enfoncerai bien dans ma chatte.

…

C’est dit. J’ai cédé quelque part, à coups de journées trop longues et de discussions jusqu’à la fermeture des bars. T’as planté tes yeux gris dans mon regard – ou c’est moi qui ait cherché le tien.
En fait, j’sais plus. J’ai que tes doigts dans ma tête, tes mains que j’imagine écarter mes lèvres et pénétrer mon vagin. Je fermerai les yeux pour mieux te ressentir, mais je serai déjà humide. Trempée par ces heures passées à discuter autour d’une bière. Affamée par les semaines qui s’écoulent, ou tu me laisses des signes sans jamais faire un geste.
Tu joues. Je joue. Je laisse des status Facebook pour que tu commentes et j’t’envoie des messages avec plein de sous-entendus dedans. Tu réponds. Tu relances. Ça marche toujours. Mais tu bouges pas.

Pendant ce temps là j’ai la chatte qui crie famine. Assoiffée de tes doigts. Grande ouverte, et grande humide, mes lèvres glissent déjà, prêtes à t’accueillir. Je me branle. Je fais que ça. Mes doigts en dedans et en dehors, que je frotte pour tenter d’assouvir l’envie. Mais ça suffit pas. Ma tête refuse de laisser passer la démangeaison. Je vois plus que tes doigts partout qui ouvrent mon ventre et j’imagine ta bouche se coller là aussi, boire mon jus qui coulerait que pour toi, avaler mon goût jusqu’à te noyer dedans. Je vois ton visage entre mes cuisses, imprégné de ma mouille, tes doigts aussi plein de cette humidité salvatrice. J’espère que tu t’y sentiras chez toi – mon corps te réclame depuis cet après-midi où, assise contre toi dans le noir d’une salle de cinéma, j’ai pu me shooter avec ton parfum.

On se voit vendredi soir. J’ai peut être une idée précise de ce qui va se passer. On va manger, et boire. Du vin rouge. J’aurais les lèvres écarlates. Et une culotte en dentelle rouge, aussi, le genre qu’on peut voir à travers, qui laisse deviner que je suis bien douce. La plupart des gars ils s’en foutent, de la lingerie qu’on porte, la première fois. Ils te descendent ça tout d’un coup avec le jean slim ou les collants, genre, c’est pas un détail important. Moi ça fait une semaine que je choisis mes vêtements en imaginant que tu vas me texter pour un verre imprévu – et la suite. Que je sais quelle culotte je vais porter, vendredi. Alors j’aimerais que tu sois un de ceux là, ceux qui prennent le temps, de regarder, de toucher, d’humer. De me rendre belle et désirable juste par la pression de tes yeux.

On s’attrapera sur le canapé, peut être en regardant un film – si je t’ai pas accroché avant ça. On sera enlacés sur le canapé, et puis on regardera plus le film. Yaura tes mains partout sur moi, et mes gémissements.

Et puis.

–

Vendredi, c’est ce soir. Putain, je sais même pas comment je vais tenir.
Si ça se trouve, la bouffe va être dégueulasse, le vin sera bouchonné, et on aura rien à se dire.
Si ça se trouve, tu baiseras mal, trop pressé, maladroit, pas assez tendre.
Si ça se trouve, on baisera même pas.

Faudra quand même que j’te dise. Merci d’avoir alimenté mes fantasmes. C’était vraiment bon…

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Photo  Sveta Laskina 
Posted in: Textes Tagged: désir, tease

Parfois je parle de cul, mais surtout je parle d’amour…

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Bienvenue dans Extime, les carnets érotiques de Mademoiselle LaNe.

Ces textes ont été publiés à différentes époques, sur différents blogues, sous différents pseudonymes. J’ai décidé de les regrouper et les présenter ici.

Semi autobiographiques ou complètement inventés, je vous souhaite d’y trouver désir, inspirations, chaleurs et humidités.

 

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