Ce moment juste après le sexe, lorsqu’on respire un peu trop fort, que les draps sont humides et la bouche sèche. Des baisers entre deux, le goût du sel sur nos peaux, le parfum des corps enivrés de plaisir. Dans l’air, flottent l’écho des cris; des cris et des murmures, de ceux qu’on a laissé échapper, incidemment, dans une étreinte un peu trop forte, un coup de rein un peu plus profond, la bouche a mordu l’oreiller, et soudain dans un souffle on a crié je t’aime. Encore, encore mon amour c’est bon, enfonce moi plus profond, percute moi, retourne mon ventre. Tendrement. Fermement. Absolument.
On se retourne. La fumée bleue qui s’étiole autour de la lumière. Le regard perdu, les mots qu’on tait. On voudrait se toucher, un peu, le parfum est si fort,attrape moi tu veux bien, attrape moi trop fort, encore un peu. La vie s’évapore en quelques bouffées d’air, cracher la fumée de cette cigarette qui ne s’éteint pas, l’odeur embaume la pièce. Mon corps perclus de tes coups de sang, ton regard qui ignore. Ballade tes mains sur mon corps, regarde moi, un instant, dis moi que j’existe. Pour une seconde, ou même une vie.
Pour un instant seulement, le temps d’un orgasme, un orgasme brutal, long et violent de soubresauts, un orgasme qui tremble, et ce cri étouffé dans la gorge, avaler la semence, chaude, qui coule lentement sur la poitrine. Jouissance absurde, un coup d’oeil sur le visage, tu le sens comme je te tiens, ta nuque et ma queue tout au fond, cogne, cogne encore.
Un râle. Tu m’appartiens, un peu, le temps d’un va et vient entre mes lèvres, le temps que mon cul s’ouvre un peu plus, supplément d’âme à l’arrière, tes doigts s’infiltrent, je te sens en dedans, devant, derrière, partout, tu m’enivres, tu me baises, tu me soumets – si fort, je suis tienne l’instant d’une pénétration. Si fragile est l’absence de sentiments dans cet état des lieux, on se fixe étrangement, je ferme les yeux, je m’abandonne, encore, encore, dans un souffle, le dernier soulèvement de ma poitrine, respiration –
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photo Olivia Bee